Moelleux au praliné, par Praline

Ce n'est pas franchement de saison, mais on m'a demandé un gâteau au chocolat pour dix personnes et je voulais quelque chose d'un peu plus original que l'éternel fondant au chocolat - tout en étant aussi facile, parce que je ne suis pas prête à me lancer dans la réalisation d'un opéra. Voici donc la marche à suivre.
Allez vous laver les mains et attachez-vous les cheveux. Je ne vous épargnerai aucun détail. Munissez-vous de la recette du moelleux au praliné trouvée dans Marmiton magazine et disponible ici (article non sponsorisé, cela va sans dire).

Réfléchissez un moment et venez-en à la conclusion que cela semble un peu chiche pour dix personnes. Faites fonctionner vos méninges (l'usage de la calculatrice et du dictionnaire n'est pas autorisé) et majorez la recette de 25%, comme les soldes mais à l'envers. Le cerveau fumant, sortez un à un les ingrédients pour être sûr de ne pas en oublier.



Cassez 310 grammes de chocolat au praliné dans un récipient adapté au micro-ondes. A la réflexion, contentez-vous de 225 g et remplacez les 85 g restant par du chocolat noir. Faites chauffer 30 secondes au micro-ondes à puissance réduite. Constatez avec délice que le praliné est presque fondu, mais que le chocolat noir fait de la résistance. Coupez par-dessus votre plaquette de 125 g de beurre demi-sel (le beurre salé semblait un peu trop aventureux). Faites chauffer l'ensemble à nouveau 30 s au micro-ondes.
Cassez 5 œufs dans un grand saladier et battez-les. Rendez-vous compte que vous avez oublié 35 g de beurre. Ajoutez précipitamment  l'équivalent en beurre doux (vous n'avez plus de beurre demi-sel, ce n'était qu'une demi-plaquette). Comme il fait beau dehors, laissez le récipient au soleil, derrière la fenêtre.




Versez 150 g de sucre sur vos œufs et mélangez bien. Ayez la conscience tranquille car vous avez fait exprès de ne pas multiplier la quantité de départ, le chocolat au praliné étant de toute façon plus sucré que le chocolat noir. Ajoutez ensuite 125 g de poudre de noisettes et mélangez en vous demandant ce que vous allez bien pouvoir faire des 75 g restant, parce que c'est bien la première fois que vous utilisez cet ingrédient et vous ignorez quand une autre occasion se présentera.
Buvez un verre d'eau.

Plongez allègrement une cuillère à soupe dans votre réserve de farine à quatre reprises et versez le contenu dans le saladier tout en continuant à remuer, puis continuez avec le sachet de levure. Une fois tout ça bien homogénéisé, retournez chercher votre mélange chocolat au praliné - chocolat noir - beurre demi sel - beurre doux et constatez avec délectation que ces quelques minutes au soleil ont fait fondre le beurre qui vous aviez ajouté en catastrophe. Munissez-vous d'une spatule flexible et mélangez-moi tout ça délicatement. Si votre bras commence à fatiguer et que le chocolat noir refuse obstinément de fondre, mettez l'ensemble 25 secondes de plus au micro-ondes puis reprenez le touillage. Perdez-vous dans la contemplation de cet océan de chocolat. Évitez de baver dedans s'il-vous-plaît.

Finissez en mélangeant les deux préparations avec tendresse. Jetez un coup d’œil à votre moule, puis à votre saladier, et à nouveau à votre moule. Dites-vous que toute cette pâte finira probablement par déborder. Effectuez une rapide vérification puisque votre saladier est muni de graduations et que vous savez grâce à cette idée de génie que vous disposez d'environ 1,1 litre de préparation. Allez chercher un verre doseur, remplissez-le d'un peu plus d'un litre d'eau et versez dans le moule. Si ça ne déborde pas, soupirez de soulagement et versez toute cette eau dans un arrosoir pour vos plantes. Versez-donc la pâte dans le moule. Évitez de penser que vous avez là plus d'un litre de beurre, de sucre et de chocolat.

Enfournez entre 160°C et 170°C pendant 45 minutes environ, jusqu'à ce que la lame du couteau que vous avez plantée délicatement dans le gâteau ressorte plus sèche que la fois d'avant. Pendant la cuisson, ouvrez votre livre du moment (Les Salauds Gentilshommes, tome 2), rigolez un bon coup et attendez de voir si une âme charitable veut bien s'occuper de la vaisselle. Dans le cas contraire, enfilez vos gants ménagers pour ne pas flinguer les ongles que vous aviez prévu de vernir, et mettez-vous au boulot.




Petite précision : je poste cette recette le samedi, mais ce gâteau ne sera pas mangé avant demain. Si vous la lisez disons, mercredi, soit tout le monde se tort de douleur pour cause d'indigestion, soit ce fut un succès et il n'y a rien à changer. En cas de modification nécessaire, soyez sans inquiétude, elle sera incluse ci-dessous.

Verdict : un gâteau effectivement très moelleux, presque un peu mousseux sur les bords, mais bien fondant au milieu. Et un délicieux petit goût de noisette. Testé et approuvé!

Les Stéréogrammes, comment ça marche, par Camomille

Ce week-end j'étais invitée au mariage d'une amie orthoptiste qui avait disséminé dans sa décoration de table des petites devinettes visuelles, dont des stéréogrammes. 

Les stéréogrammes, ce sont ces images qui ne ressemblent à rien au premier abord, et qui, en les regardant d'une certaine manière, sont vues en relief.

Et là le monde se divise en deux clans: ceux qui arrivent à les voir et ceux qui ne voient pas.

"Mais c'est quoi? On doit voir quoi? Comment on fait?"

"Alors tu colles l'image à ton nez, tu recules doucement et c'est bon tu vois en relief!"
ou alors:
"Ben tu regardes derrière l'image en fait et pof, c'est magique!"

Mouais... dans l'idée y'a de ça, mais alors quand tu ne sais ni ce que tu dois faire "exactement", ni ce que tu dois voir, voila quoi.

Donc je vais vous expliquer comment ça fonctionne afin que vous compreniez le principe et que vous arriviez vous z'aussi à voir les stéréogrammes.

Tout d'abord, Les stéréogrammes se basent sur le principe de la vision stéréoscopique. C'est à dire de la vision en relief. Dans la vie de tous les jours, nos yeux reçoivent chacun une image, qui est légèrement différente car nos yeux sont écartés (et n'ont donc pas le même point de vue). Le cerveau va ensuite fusionner ces deux images, et ce sont ces légères différences qui vont faire le relief.

Sauf qu'un stéréogramme est une vision en relief "artificielle". Ce n'est pas naturel.
Dans la vraie vie, en vision normale, on regarde un point, on le voit simple ET net (tout problème de correction ou de vision mis à part). Car la convergence (le fait de voir simple) et l'accommodation (de voir net) fonctionnent ensemble.
Dans un stéréogramme, il va s'agir de les dissocier. C'est à dire de converger sur un point et d'accommoder sur un autre. Pour tromper le cerveau.


Voici nos deux yeux, l’œil gauche à gauche et l’œil droit à droite. Les yeux fixent le point A. Ils convergent tous les deux sur ce point. L'image du point A (A'), va donc être unique et se former sur la fovéa de chaque œil. La fovéa est l'endroit de la rétine où va se former l'image d'un objet fixé.
Le point B par contre, va être vu double et flou car on ne le fixe pas, et on n'accommode pas dessus. Si on ferme l’œil droit, l’œil gauche va voir B à droite de A, et si on ferme l’œil gauche, l’œil droit va voir B à gauche de A.
C'est par ce principe que le cerveau va pouvoir déterminer si tel objet est devant ou derrière.

Pour ce qui est de la vision stéréoscopique, on va décortiquer tout ça.

Au départ: deux points identiques (pour le moment)
Le mieux est peut-être de reporter ces points sur une feuille de papier.
Par exemple: 2 cercles de 5mm de diamètre espacés de 2cm environ et vous vous placez à entre 20 et 30 cm de la feuille
Le but va être de regarder derrière. Comme vu précédemment, l'image des 2 points va être double et floue. Vous allez donc voir quatre points flous.

Ce qu'il va falloir faire, c'est ajuster votre convergence (en regardant "plus ou moins" derrière ou alors en vous éloignant ou rapprochant la feuille) pour ne plus voir que 3 point. C'est la première étape. Il faut arriver à faire fusionner le point de gauche vu par l’œil gauche avec le point de droite vu par l’œil droit.


Ça y est vous l'avez? Trois points, dont celui du milieu vu par les deux yeux en même temps. Oui, mais pour l'instant ils sont flous, vu qu'on regarde en arrière, et que l'accommodation est aussi en arrière.

Il faut donc continuer à "fixer derrière", donc bien le point du milieu simple, mais se concentrer pour le voir net. Bon là par contre, pas de technique miracle, ça prend plus ou moins de temps, et ça peut ne pas marcher, ça dépend de la flexibilité du système visuel de chacun. Et là, quand vous aurez le point central des trois points net, c'est que vous avez la technique. Bon c'est en théorie, si vous n'arrivez pas tout de suite à le voir net, c'est normal, car ce n'est qu'un point sur une feuille, et il n'y a pas beaucoup de stimuli visuels. Sur tout un stéréogramme c'est plus simple car tout le dessin est un stimulus. Là sur un seul point... 

Bon alors vous voyez 3 points, le point du milieu est simple et net (en théorie). Mais pas en relief. Normal, pour que le cerveau analyse une image comme étant en relief, il faut que les deux yeux perçoivent une image différente, comme d'un point de vue différent.

On va améliorer un peu nos points. Je ne vous conseille pas de tester le relief sur ce schéma, comme expliqué, il n'y a que des peu de stimuli visuels, donc vous risquer de vous faire plus mal aux yeux qu'autre chose (croyez-moi, j'ai essayé).
Voila, ce ne sont pas exactement les mêmes. 
Comme vous avez tout bien suivi, on fusionne l'image de gauche vue par l’œil gauche avec l'image de droite vue par l’œil droit.


Et voila le travail. En fait sur la rétine, Les images A'G et A'D ne se forment pas sur la fovéa. Mais il y a une zone de tolérance dans laquelle le cerveau arrive à fusionner des images. Plus cette zone est petite, moins il y a de marge de manœuvre. C'est à dire qu'il ne faudra qu'un tout petit décalage pour que le cerveau arrive à fusionner. 

Voila ça y est, vous avez maintenant compris comment fonctionnent les stéréogrammes, ils n'auront plus de secret pour vous!

Il s'agit de dissocier convergence et accommodation. Dans l'explication, je suis partie du principe qu'on va "converger" derrière (ou plutôt diverger du coup), comme si on avait le regard dans le vide. On peut aussi converger devant, c'est à dire loucher, mais c'est beaucoup moins confortable. Dans ce cas, le relief s'inversera. Au lieu de voir devant on verra derrière et inversement.

Maintenant, pour expliquer ce qu'on voit, ce n'est pas Avatar hein! Ne vous attendez pas non plus à voir surgir des décors insensés. On va juste voir le motif du décor prendre du relief, comme si on avait creusé ou bombé la feuille, ou comme si on avait découpé la feuille pour la placer 1cm devant le fond.

Maintenant je vous laisse allez découvrir le monde merveilleux des stéréogrammes!

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source: http://ophtasurf.free.fr/stereogrammes/stereogramme.htm
Je vous laisse avec un cœur en relief!

Dracula de Bram Stocker, par Camomille

Je crois que si il y a un personnage fictif qui m'a fortement marqué, c'est le Comte Dracula. 

Tout commence il y a de cela quelques années, quand j'avais 11 ans (c'est vous dire si c'était hier).

J'étais en vacances chez mes grands-parents dans le Morvan, dans leur grande et vieille maison, et allez savoir pourquoi, j'ai voulu regarder l'adaptation cinématographique de Dracula par Francis Ford Coppola. Je me souviens très bien que c'était déconseillé aux moins de 12 ans, car j'en avais 11 et j'avais un peu l'impression d'être dans l'illégalité tu vois. Donc on a regardé le film en pleine après-midi parce que le soir il ne fallait pas que je me couche trop tard, et puis ça aurait fait encore plus peur de le regarder le soir.

Je n'ai pas énormément de souvenir du film à ce moment là, mais je me souviens par contre très bien que le soir même, au moment d'aller me coucher, je ne faisais pas la fière. Ayant encore en tête Dracula qui se matérialise (ou se dématérialise) en brouillard vert pour passer dans les interstices des portes...

Le résultat: je n'ai pas arrêté de cauchemardé sur les vampires. Au moins jusqu'à 17/18 ans. Super. Je ne me souviens plus de la teneur de ces cauchemars, mais pour faire court, il était question d'un vampire qui me voulait du mal. Original...

Les vampires étaient devenus ma hantise.

Gary Oldman dans Dracula (oui oui il est un peu flippant quand même!)
A tel point que plusieurs année plus tard, le film est repassé à la télévision et mes parents ont voulu le regarder. J'étais morte de peur à cette idée. Même si évidement j'allais rester cloîtrée dans ma chambre, l'idée qu'il y ait l'image de Dracula dans le salon me terrorisait, comme si il allait pouvoir rentrer chez nous (la fille saine d'esprit, tout va bien).

Une autre fois, au lycée, dans la queue d'attente de la cantine, il y avait des postes de télévision, et (mais quelle idée???) il passait Dracula. Ah ah ah la bonne blague. Inutile de dire que j'ai vite détourné le regard et que je n'en menait pas large (nan mais quelle idée aussi ???). 

Bref.

Avec le temps, j'ai commencé à maîtriser un peu mes cauchemars, à savoir que je savais que j'étais entrain de rêver et qu'il ne pouvait rien m'arriver. 

Un jour, ma cousine (fan de cinéma et de Tom Cruise à l'époque), a voulu me faire voir Entretien avec un Vampire. Inutile de dire que je lui ai rigolé au  nez en lui répondant "jamais de la vie". 

Je me suis finalement laissée tenter, car elle m'a affirmé que ça ne faisait pas du tout peur. Elle avait raison et grâce à elle ma peur a disparue. D'un coup d'un seul. Bon, certes, il n'a pas fallu moins que Brad Pitt et Tom Cruise réunis pour en venir à bout, mais je n'avais plus peur des Vampires!

J'ai donc pu un peu plus tard, regarder de nouveau Dracula. Et j'ai adoré ce film. Même pas peur.

Depuis j'adore les histoires avec les vampires.

Donc quand à Noël dernier, on m'a offert Dracula de Bram Stocker, j'étais super contente.

En plus en mini format en papier bible, le bonheur. 920 pages dans 1,8 cm d'épaisseur, couverture comprise!

Tout ça pour en arriver à la teneur du bouquin... On y arrive on y arrive!

Alors c'est un roman épistolaire, mais on ne s'en rend quasiment pas compte car c'est plutôt des extraits de journaux (du genre journal intime, pas la gazette du vampire), donc c'est ultra romancé.

De ce fait, on a le point de vue des différents personnages, ce qui nous fait encore plus rentrer dans l'histoire. Vu que la majorité des personnage a un esprit très scientifique, tout est très détaillé, et très réel. On a vraiment l'impression d'y être et de vivre l'histoire avec eux. C'est vraiment très bien écrit (peu être trop d'ailleurs).

L'ambiance est très bien reconstituée, et d'ailleurs on se rend compte que l'adaptation cinématographique de Coppola est très fidèle.

Par contre, on voit bien que ça a été écrit pas un homme (sans vouloir jouer la féministe). Pour faire simple, la femme n'est utile qu'à être ultra gentille, douce, mignonne, à materner tout le monde. Il est très étonnant qu'elle puisse réfléchir "à la manière d'un homme" et avoir une intelligence égale à celle d'un homme. C'est très explicite. Et très condescendant vis à vis des femmes. On a l'impression qu'il (l'auteur) les adore et les porte aux nues, mais il faut qu'elles restent à leur niveau, l'intelligence c'est pour les hommes. Ah bon. Et les hommes ne doivent pas pleurer. Forcément.

Ah oui et puis la fin aussi... Que de théâtralisation! Que de grandiloquence! Je ne connais pas le terme exacte de ces "figures de style", mais alors... il ne fait pas dans la retenue des sentiments M. Stocker!

"Pendant quelques moments, nos cœurs désespérés battirent à l'unisson, pendant que tous nos amis détournaient, de nous, des regards que brouillaient les larmes".

"Pendant qu'elle parlait, le visage de son mari s'assombrissait et se crispait, comme si une violente passion bouillait en lui, jusqu'à la racine même de son être".

Alors oui, c'est fort, ils combattent un vampire, pas un raton laveur (pourquoi un raton laveur, je ne sais pas...), mais c'est à la limite du "trop" parfois. A tel point que tu t'imagines les personnages portant le dos de leur main à leur front en mode "mais qu'avons-nous fait pour mériter tout cela la vie est trop injuste".

Mais hormis ces deux points "négatifs" (c'était juste pour trouver quelque chose à redire hein), ce bouquin est vraiment super! Il nous plonge dans l'histoire et dans la vie de tous ces personnages (certes un peu caricaturaux), mais ce sont aussi tous ces défauts qui font le charme de ce roman!

Dracula : Photo Francis Ford Coppola, Gary Oldman
Il a pas plus la classe là?
Aller, bons cauchemars!

;-)

Une idée de sortie, par Praline

Il y a quelques jours, j'ai découvert un endroit dont je ne soupçonnais ni l'existence, ni le pouvoir d'émerveillement. Je n'en ai pas fait de photos, d'une part parce que je n'avais rien sur moi pour en prendre, et d'autre part parce que cela ne s'y prêtait pas.
Son nom n'est peut-être pas très glamour, mais au moins ses couloirs sont vides (mauvais pour les conservateurs) et vous pouvez y passer un bon moment seul avec vous-mêmes (bon pour vous).

Assez tourné autour du pot, il s'agit de la Galerie des peintures murales de la Cité de l'Architecture et du Patrimoine. Je vous avais prévenus. L'autre jour, donc, j'avais prévu une visite expresse de l'ensemble de la Cité. Je connaissais déjà un petit peu la Galerie des moulages, mais c'est toujours un plaisir d'aller y faire un tour. Déjà, le lieu est superbe. Des salles immenses avec une verrière XIXe et des murs d'un rouge qui semble incongru au départ mais se révèle parfait (c'était la couleur choisie à l'ouverture du musée en 1882).
Rien que cette galerie vaut le détour. C'est un tour de France des monuments en abrégé. On passe de l'architecture romane au gothique, à la Renaissance et on a même un aperçu du XVIIe au XIXe pour le même prix. Ce sont des moulages en plâtre des véritables œuvres (statues ou portails entiers), grandeur nature, le plus souvent patinés pour donner l'illusion de la pierre. L'effet est très réussi. Moissac, Paris, Chartres, Dijon, c'est un véritable voyage dans le temps et l'espace.

Au deuxième étage du musée, on trouve la galerie d'architecture moderne et contemporaine. Des maquettes, des photos et des tas d'informations sur l'architecture du milieu du XIXe siècle à aujourd'hui. Ce n'est pas la partie qui m'intéresse le plus, mais elle a l'avantage de condenser beaucoup de connaissances.

Petit entracte sans le moindre rapport, pour reposer les yeux :
The Beguiling of Merlin par le peintre anglais Edward Burne-Jones.
1872-1877, huile sur toile, 186 x 111cm. Liverpool, Lady Lever Art Gallery.
Un de mes tableaux préférés.

Ce pourquoi j'écris cet article se trouve au bout du couloir du deuxième étage, à peine signalé par quelques pancartes. Dans la Galerie des peintures murales sont installées les reproductions grandeur nature de toutes sortes de chapelles, cryptes et autres petites salles entièrement peintes des murs au plafond. On serpente dans des couloirs relativement étroits qui ouvrent de part et d'autres sur des chapelles entièrement reconstituées. Comme il n'y a personne, on peut vraiment prendre le temps de s'asseoir quelques minutes pour s'imprégner du lieu et du calme qui s'en dégage. Difficile d'imaginer qu'on est en plein Paris et qu'il fait 30 degrés dehors. Personnellement, c'est tout ce que j'aime. Et pourtant, on ne peut pas dire que je sois particulièrement intéressée par la question des peintures murales romanes et gothiques (l'étage au-dessus expose les peintures Renaissance et plus tardives, mais je ne l'ai pas visité). Même si l'on n'est pas touché artistiquement par les œuvres, je ne pense pas qu'on puisse rester insensible.

Et l'entrée de la galerie m'a littéralement coupé le souffle. Je ne voudrais pas trop gâcher la surprise. J'y suis arrivée sans savoir à quoi m'attendre, mais je ne m'attendais clairement pas à ce que j'ai découvert. La première salle est simplement immense. C'est une pièce ronde et complètement vide, à part deux bancs au milieu. En arrivant, pendant un quart de fraction de seconde, j'avoue m'être demandé la raison de cette salle. Et puis j'ai levé la tête, et j'ai compris. Le plafond est occupé par une gigantesque coupole peinte. Elle mesure entre quinze et vingt mètres de diamètre, et dessous on se sent minuscule. Ça peut paraître étrange, mais j'ai ressenti quelque chose de vraiment fort seule sous cette coupole. J'ai fait tout le tour pour profiter des détails, mais la plupart du temps je suis restée en plein milieu de la salle à essayer de profiter au maximum de ce moment. C'est à partir de cette salle qu'on accède aux autres galeries, qui semblent d'autant plus petites et étroites. J'avoue que j'ai visité toutes les chapelles, mais que je ne me suis pas aventurée dans la reconstitution d'une crypte romane (basse de plafond et assez profonde) qui menaçait de faire remonter à la surface une légère tendance à la claustrophobie. Et s'il est assez difficile de quitter la salle de la coupole, pas de souci, c'est par là qu'on ressort. Et on a droit à nouveau au contraste saisissant entre la monumentalité de la pièce et l'étroitesse des galeries, mais cette fois dans l'autre sens, ce qui est d'autant plus fort. C'est un peu comme remonter à la surface. La galerie est au deuxième étage du musée, mais j'avais l'impression d'être sous terre, l'humidité en moins.

En résumé, s'il est pertinent de résumer ma visite, je dirais que c'est un endroit méconnu (voire inconnu) mais fortement recommandé, voire même indispensable à visiter. La Cité est déjà peu fréquentée (sauf son parvis qui offre une belle vue sur la Tour Eiffel, bien sûr), mais la Galerie des peintures murales l'est encore moins. Si vous avez besoin d'un moment de sérénité, c'est là qu'il faut aller. C'est encore mieux si vous vous intéressez à l'histoire de la peinture murale, mais je vous avoue que, même en tant qu'étudiante en histoire de l'art, j'étais trop absorbée par l'atmosphère unique du lieu pour prêter attention aux panneaux.