Il se trouve que dernièrement j'ai lu plus que d'habitude, ce qui n'est pas compliqué, étant donné que mon rythme de lecture de "d'habitude" est un livre tous les deux mois.
Mais là, j'étais en vacances, donc j'avais plus de temps.
J'ai donc lu Les Années d'Annie Ernaux.
Comme pour le livre de Marguerite Duras, je l’ai eu par hasard, et le hasard fait bien les choses car celui-là aussi je l'ai beaucoup aimé.
On pourrait qualifier ce livre comme étant un recueil de souvenirs. Il n'y a pas de chapitres, c'est une suite de souvenirs, qui défilent avec le temps. Ce qui en fait une forme d'écriture assez particulière, on a l'impression que ce n'est pas construit. Cela m'a quelque peu déstabilisée au début, à tel point que je ne savais pas trop si c'était une introduction, on véritablement le récit qui commençait. J'ai feuilleté plus loin pour me rendre compte que tout le livre était comme ça.
Il s'agit donc d'une sorte d'autobiographie générale si on peut dire. L'auteure raconte tous les souvenirs de son histoire, de sa vie personnelle mais aussi de la vie générale, de l'Histoire. Ce qui nous plonge dans une sorte de rétrospective des quatre-vingt dernières années à travers les yeux d'une femme.
La première impression en lisant ce livre, c'est de ce dire que cette génération (elle est née en 1941) a vécu les plus grands changements de vie de toute l'histoire de l'humanité. On se dit bien que oui, cette génération a vécu pendant la guerre, n'avait pas de salle de bain et ne connaissait pas les réfrigérateurs. On le sait mais on ne s'en rend pas compte. Parce que les récits sont en quelque-sorte "encadrés" dans le temps. On raconte période par période, mais jamais tout en même temps. Là, elle raconte tout de 1941 à 2009 dans un seul petit livre.
Du "rien" au "tout".
Du "je vais faire pipi la nuit au fond de la cour une bougie à la main" au "j'ai une douche balnéo dans ma salle de bain"...
De "l'informatique n'existait pas" à "j'ai une télécommande qui contrôle toute ma maison" ou "j'envoie une photo à tous mes amis via les réseaux sociaux "...
Et encore je ne suis pas sûre de choisir les bons exemples.
Mais ça donne le tournis.
Surtout qu'on se rend compte que plus les temps passe, plus la vie s'accélère. Ce qui donne une impression de "fuite en avant". Ou l'impression de marcher, puis de courir, de plus en plus vite, en étant de plus en plus en déséquilibre mais continuer à courir malgré tout en attendant la chute.
On voit la naissance de la société de consommation et son emprise grandissante, sorte de tourbillon néfaste, le changement des mentalités, le "tout pour soi", le paraître et l'abandon des valeurs fondamentales.
Et on se dit "mais au fait, on est en plein dedans", et ce n'est pas très rassurant vu de l'extérieur.
Ensuite, du point de vue de l'auteure, de son histoire personnelle, on se rend compte que cette femme n'a jamais été heureuse. Elle a toujours été insatisfaite, le sentiment d'être passée à côté de sa vie. Enfant elle se rêvait une vie, n'ayant pas eu une enfance heureuse, elle espérait se rattraper à l'âge adulte. Et elle s'est retrouvée mariée et mère assez rapidement (on a assez peu de détails sur cette période là), comme si c'était une suite d'événements logiques, mais sans vraiment les vouloir ou en être heureux. C'est un peu comme si elle survolait sa vie tout en regrettant une autre vie qu'elle aurait aimé avoir.
De ce point de vue là on reste avec un sentiment d'amertume, de cette femme qui, d'après ce qu'on peut ressentir, n'a pas vraiment profité des petits bonheurs de l’existence.
Et d'un point de vue plus général, de la société actuelle, du monde dans lequel on vit, quand on prend un peu de recul, on a l'impression d'une cocotte minute prête à exploser.
De toute façon quand on regarde les informations en ce moment, c'est aussi le sentiment qu'on a...
Du coup, après avoir réfléchi trois minutes sur ce qu'avait soulevé ce livre comme questionnements et failli frôlé le coup de blues, j'ai décidé de jouer l'autruche, de ne pas y penser, de me recentrer sur ma petite vie perso et de profiter des petits bonheurs du quotidien.
Voila!
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